Les pédicures-podologues du Grand-Est sont invités à participer à une action de prévention sur le dépistage du pied à risque et l'évaluation du chaussage en Ehpad.
Trouver chaussure à son pied
Les pédicures-podologues ont un rôle central à jouer dans la prévention des chutes, la Haute Autorité de santé (HAS) l'a de nouveau souligné dans sa nouvelle recommandation de bonnes pratiques publiée fin 2020 sur « Le pied de la personne âgée : approche médicale et prise en charge en pédicurie-podologie ». Avec une acuité professionnelle essentielle sur le chaussage : semelage, talon, empeigne, contrefort, tige, fermeture, ou forme, renforts, souplesse du matériau... qu'il s'agisse de chaussures ordinaires ou a fortiori de chaussures thérapeutiques à usage temporaire (Chut) ou prolongé (Chup).
L'agence régionale de santé (ARS) Grand-Est l'a bien compris.
Dans le cadre de la politique de prévention mise en place avec la médecine de ville, elle a signé le 30 octobre 2019 une déclinaison de contrats pluriannuels d'objectifs et de moyens (CPOM) sur trois ans avec l'Union régionale des professionnels de santé libéraux (URPS). Le CPOM des pédicures-podologues a pour premier axe : le dépistage du pied à risque et l'évaluation du chaussage en Ehpad. Mis en stand-by pendant la crise sanitaire, le dispositif a été prolongé. Aujourd'hui, 841 pédicures-podologues exerçant dans les 11 départements du Grand-Est (et 616 Ehpad) sont potentiellement concernés par ce projet dont l'ingénierie a été financée pour des bilans en Ehpad qui pourraient être rémunérés autour de 70 euros.
Tri préalable par l'ergothérapeute
« J'ai réalisé un "crash-test" avec huit premiers résidents de l'Ehpad associatif Simon-Bénichou de Nancy où j'interviens régulièrement, après préparation de ma venue avec la directrice, la médecin-co et la cadre de santé », explique Stéphanie Massonneau, cheffe de projet de l'URPS/podo. Ces dernières ont d'ailleurs exprimé leur grand intérêt pour la démarche préventive dans une courte vidéo sur le site urpspodo.org. Un tri préalable des résidents avait été fait par l'ergothérapeute. En résumé, il fallait des « encore marcheurs » et pas trop fatigués cognitivement, pour accepter un bilan de près d'une heure avec anamnèse, bilan des chutes, examen clinique (état articulaire, vasculaire...), test timed up and go et test d'appui sur un pied, bilan statique sur une plateforme de pressions. Et puis, la chaussure a été évaluée : trop ouverte, trop fermée, trop usée... Une fois rédigés, les bilans seront transmis à la plateforme de recueil de données Solen de l'ARS en prévision d'une évaluation à un an qui, les pédicures-podologues le souhaitent, objectiverait la nécessité d'un bilan à l'entrée en Ehpad.
Sur le point précis du chaussage, une expérimentation des Pays-de-la-Loire de 2017 (ARS, URPS et observatoire régional de santé) sur les bilans de pédicurie-podologie en Ehpad[1] a montré, en effet, que sur 162 résidents, quasi aucune chaussure n'était adaptée lors du premier bilan, contre 80 % au deuxième...