La cellule investigation de Radio-France a enquêté sur le phénomène des soignants en autoentreprise employés dans les Ehpad.
Uberisation dans les Ehpad : une enquête de Radio-France
Maxime Tellier, journaliste de la cellule investigation de Radio-France a mené une enquête sur « l'uberisation » dans les Ehpad. Des plateformes d'intermédiation comme Brigad, Mediflash permettent désormais de placer des soignants auto-entrepreneurs - une formule apparue récemment, à la faveur de la crise du Covid en 2020 et qui rencontre un certain succès, surtout dans les Ehpad.
La plupart des métiers du secteur médico-social sont proposés : aide-soignant, infirmier, auxiliaire de vie, aide médico-psychologique... Ils téléchargent une appli, s'inscrivent pour des missions généralement courtes, sont mieux payés mais aussi moins protégés. Cette meilleure rémunération s'explique par le statut de ces soignants, qui sont à leur compte. Les Ehpad qui font appel à leurs services ne paient donc ni cotisations patronales, ni TVA, ce qui permet de dégager des marges pour augmenter les travailleurs tout en diminuant le coût de leur prestation pour les établissements. Mediflash estime qu'un auto-entrepreneur coûte environ 20% moins cher qu'un salarié.
La formule flatte « le rêve d'un travail libre et indépendant », écrit Maxime Tellier
Comme sur Uber, le tarif est affiché. Une fois la mission effectuée, le travailleur reçoit même une note, de une à cinq étoiles, et il peut évaluer l'établissement dans lequel il a travaillé.
L'enquête fouillée, donne la parole aux acteurs mais émet aussi un doute sérieux sur la légalité du système. Elle se fait l'écho d'un courrier du 30 décembre adressé par les ministres du Travail et de la Santé mettant en garde contre « le caractère potentiellement frauduleux de ce type de montage contractuel » : une aide-soignante n'aurait, selon eux, pas le droit d'exercer sous un statut indépendant. Para ailleurs, toujours selon ce courrier, « l'exercice de ces professionnels en tant que travailleurs indépendants au sein des établissements de santé ou médico-sociaux, peut tomber sous le coup de la qualification de travail dissimulé ».