Pour prévenir la perte de vêtements, notamment lors du passage à la blanchisserie, une start-up française, Ubiquid, propose aux EHPAD un système d'étiquetage connecté.
Ubiquid, un système innovant de suivi du linge sans contact
L'histoire débute il y a y sept ans par un cadeau : un gilet bleu que deux frères, Henri et Thierry Hollier-Larousse, offrent à leur grand-mère, résidente en EHPAD. « Deux semaines plus tard, alors que nous souhaitons savoir si elle l'aimait et le portait, il avait disparu !», se souvient Thierry. Si dans ces cas-là, les familles reprochent souvent aux équipes de se désintéresser du linge, les deux frères témoignent d'une expérience très différente. « Le personnel a toujours été très attentif et tous ont déployé beaucoup d'efforts pour retrouver le gilet. Malheureusement sans succès. Nous en avons conclu que face au nombre important de vêtements dans un EHPAD, un dispositif innovant devait être imaginé ». De ce besoin naît la start-up Ubiquid en 2013. Henri Hollier-Larousse, ingénieur de formation planche pendant deux ans sur la mise au point d'une solution technique, aujourd'hui pleinement appréciée par les établissements. L'idée est simple : une étiquette RFID fixée - et cachée - sur chaque vêtement transforme ce dernier en objet connecté capable d'émettre un signal sur une distance de trois à cinq mètres. Ainsi, en quelques secondes, un professionnel positionné devant l'armoire d'un résident pourra voir s'afficher sur sa tablette le nombre de vêtements qu'elle contient, mais aussi celui où ceux qui appartiennent à un autre résident. « Une photo de l'habit mal rangé permettra de l'identifier rapidement et de le rendre à sa ou son propriétaire », poursuit Thierry Hollier-Larousse.
Le procédé a bien entendu été conçu pour résister au lavage et autres techniques de nettoyage à sec. « Nous ne voulions pas que la technologie soit un frein. Nous garantissons donc nos étiquettes, nos tablettes et nos capteurs, poursuit Thierry Hollier-Larousse, Directeur commercial d'Ubiquid. Et nous nous engageons à remplacer le matériel défectueux. Mais nous avons choisi du très bon matériel, ce qui explique que nous n'ayons connu aucun dysfonctionnement majeur depuis plus de cinq ans ».
Développements
A ses débuts, la jeune entreprise se fait connaître par le porte-à-porte. « Quelques établissements nous ont fait confiance dès le départ. Ensuite le bouche-à-oreille nous a permis de progresser et de nous développer au-delà de nos espérances ». A ce jour, plus de 250 EHPAD utilisent cette solution avec un recrutement de l'ordre de 150 nouveaux établissements chaque année.
En cas d'externalisation de la fonction linge, la solution reste-t-elle pertinente ? « L'intérêt est double, explique le directeur commercial. En plus de bénéficier des avantages permis par Ubiquid pour tous ses clients (contrôles d'armoires, vérification des sacs poubelles...) l'établissement peut connaître en un scan le nombre de pièces envoyées au prestataire et récupérées propres ensuite. Tout en évitant d'envoyer des articles de résidents qui n'auraient pas choisi la prestation externalisé. Notre solution est d'ailleurs peut-être encore plus intéressante en cas d'externalisation, compte tenu de la majoration des risques de pertes provoquée par la sortie des vêtements hors de l'établissement ». Restait à convaincre les blanchisseurs de partager la traçabilité avec leurs clients. Un pas franchi dès 2016 par la société AD3 qui propose depuis l'étiquetage et la solution Ubiquid à tous ses clients.
Le projet initial de la start-up française a aussi permis de développer de nouveaux services qu'il s'agisse de prévenir la perte d'autres objets - appareils auditifs, lunettes, dentiers - mais aussi les errances des résidents. « Grâce au système de marquage du linge, si une personne âgée passe une porte jugée à risque (équipée d'un capteur Ubiquid), les professionnels de l'EHPAD pourront immédiatement être alertés. Il sera donc possible d'envisager de réouvrir certaines zones protégées à la condition bien sûr de les sécuriser », conclut Thierry Hollier-Larousse. Cette nouvelle offre qui devrait être commercialisée en cours d'année est actuellement en phase de test dans trois établissements parisiens et un établissement de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.