Dans le n° 102-mars 2019  - Dialogue social  10370

Un an après les grèves, « rien n'a changé »

L'Élysée a gardé, le 21 février, portes closes devant l'intersyndicale et l'AD-PA venues porter 30 000 cartes pétition et 600 motions. A défaut d'un rendez-vous à la présidence de la République et « de réelles négociations sur leurs revendications », les dix syndicats pourraient appeler - à l'instar du 30 janvier et du 15 mars 2018 - à la grève nationale.

L'intersyndicale du secteur des personnes âgées (FO, CGT, CFDT, CFTC, Unsa, CFE-CGC, FA-FP, FSU, SUD et Ufas) et l'AD-PA avaient prévu, le 21 février, de remettre à l'Élysée, 30 000 cartes pétition « signées par des salariés, des familles, des personnes âgées elles-mêmes », et 600 motions issues des réunions et assemblées générales initiées, durant le mois de janvier, dans les établissements et services à domicile. Mais le palais présidentiel a gardé portes closes, en raison de la présence des médias. « Cette fin de non-recevoir est l'expression d'un mépris vis-à-vis des salariés qui, au quotidien, accompagnent les personnes âgées », ont critiqué les dix syndicats et l'AD-PA dans un communiqué en date du 21 février. Déterminés à se faire entendre, ils promettent de se rendre à nouveau à l'Élysée et de « tout mettre en oeuvre pour obtenir un rendez-vous » avec le cabinet du président de la République.

Obtenir « des réponses immédiates »

Lors d'un point de presse organisé, dès 10 heures le 21 février, Place Chassaigne Goyon, dans le VIIIe arrondissement parisien, proche de l'Élysée, les représentants des organisations de salariés et l'AD-PA ont martelé leur volonté d'obtenir « des réponses immédiates ». Plus d'un an après les mouvements de grève du 30 janvier et du 15 mars 2018, ils considèrent que « « rien n'a changé ». « On nous dit qu'il pourrait y avoir un projet de loi [Grand âge] qui serait voté en fin d'année ou début de l'année prochaine et qui donnerait des effets dans deux ans. Cela, ce n'est pas possible. Qu'il faille des plans pluriannuels, pourquoi pas, mais il y a des choses qui doivent concrètement changer dès maintenant dans les établissements et les services à domicile », a insisté Pascal Champvert, président de l'AD-PA. [lire interview page XX]

Portées en commun depuis octobre 2017, les revendications restent les mêmes : un renforcement des effectifs pour atteindre le ratio d'un professionnel pour un résident dans les établissements, la sécurisation des contrats aidés, l'amélioration des rémunérations dans le cadre des statuts et des conventions collectives, l'abrogation des décrets réformant la tarification des EHPAD. « Aujourd'hui la situation est dramatique comme le 30 janvier 2018 quand les personnels sont descendus dans la rue et elle est en train de se dégrader dans le secteur public comme dans le secteur privé. La crise sociale se fait sentir par les "gilets jaunes" mais les soignants sont aussi en crise sociale. On demande à Monsieur Macron de mettre en place des moyens nécessaires pour la dignité de nos personnes âgées », a exigé Malika Belarbi, aide-soignante dans un EHPAD public d'Ile-de-France et représentante du collectif des personnes âgées - Fédération CGT santé et action sociale.

10 milliards d'euros par an

Pour les syndicats, si la neutralisation temporaire de la convergence tarifaire des EHPAD a pu éviter de nouvelles suppressions de postes, elle ne répond pas aux attentes immédiates des personnels. « Le gouvernement a travers la loi de financement de la sécurité sociale de 2019 a été obligé d'accélérer la convergence sur le forfait soins. C'est un ballon d'oxygène, mais au quotidien cela n'a rien changé », a protesté Luc Delrue, infirmier et secrétaire fédéral FO Santé. Et de considérer les annonces faites par Agnès Buzyn dans la feuille de route « Grand âge et autonomie », « 50 millions par-ci, 20 millions par-là, 40 millions pour des infirmières de nuit dans les EHPAD et 300 millions jusqu'en 2021 pour renforcer les effectifs » comme insuffisantes. Pour Romain Gilzome, directeur de l'AD-PA, « c'est un engagement de 10 milliards d'euros par an qui est attendu. Premièrement, le budget de la sécurité sociale est de l'ordre de 450 milliards, c'est donc absorbable. Par ailleurs, c'est de l'investissement social. Dès lors que l'on investit un euro dans ce secteur, c'est pour créer de l'emploi », tout en rappelant que l'AD-PA est partisane de la création d'une prestation universelle autonomie reposant sur la solidarité nationale.

Ultimatum et menace de grève

Luc Delrue a rappelé que si le secteur sanitaire a obtenu, fin 2018, le dégel de la réserve prudentielle, 152 millions mis en réserve au début de la campagne budgétaire 2018 n'ont pas été redistribués au secteur médico-social. « C'est un très mauvais signe donné par le gouvernement à ce secteur qui n'en peut plus », a-t-il commenté. « De plus en plus de professionnels du secteur public qui arrivent à l'âge de 50 ans sont mises à la retraite d'invalidité avec en moyenne 500 euros de pension. Dans le privé, les ordonnances Macron sont utilisées à tout va par les directions. Quand une aide-soignante est en inaptitude médicale, on lui propose une reconversion professionnelle à des centaines de kilomètres de son domicile et qu'elle ne peut donc pas accepter et cela conduit à des licenciements », a condamné Malika Belarbi.

Les syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires ont appelé le personnel des EHPAD et services à domicile à se joindre à la mobilisation interprofessionnelle, prévue le 19 mars. L'ultimatum a été lancé : à défaut d'obtenir un rendez-vous avec la présidence de la République, l'intersyndicale des EHPAD et du domicile menace d'un nouveau mouvement de grève nationale.

25/11/2024  - Université Clariane

Clariane célèbre ses 460 nouveaux diplômés

L'Université Clariane a célébré ses diplômés lors d'une cérémonie en présence du Premier ministre Michel Barnier.
25/11/2024  - Campagne

Prendresoin.fr, le Gouvernement lance une discrète campagne de communication

Le gouvernement l'avait promise. La campagne pour favoriser l'attractivité des métiers du soin et de l'accompagnement social devrait s'afficher prochainement, assez discrètement toutefois.
25/11/2024  - Maltraitance

Le 3e « Livre noir » du Cercle des proches aidants en Ehpad

Le collectif publie 29 nouveaux témoignages accablants de filles et fils de résidents
22/11/2024  - Duerp

Un nouvel outil en ligne pour évaluer les risques professionnels en Ehpad

L'INRS et l'Assurance maladie mettent à disposition des Ehpad un logiciel en libre accès les aidant à rédiger leur document unique d'évaluation des risques professionnels (Duerp).
21/11/2024  - Arrêté

45 départements vont bénéficier d'un complément de financement APA de 150 millions

Un arrêté précise les critères de versement par la CNSA du complément de financement de 150 millions prévu par la LFSS 2024.
21/11/2024  - Lutte contre la solitude

Un petit geste pour illuminer le réveillon de Noël d'un aîné isolé

Les Petits Frères des Pauvres lancent l'opération Les Colis de Noël pour offrir un peu de joie aux âgés isolés.
14/11/2024  - En exclusivité

"Nous avons besoin de nos 7 500 Ehpad" soutient Paul Christophe

Nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les femmes et les hommes le 21 septembre dernier, Paul Christophe répond à Géroscopie dans une longue interview à découvrir dans son numéro à paraître mi-décembre. Premiers éléments...
10/11/2024  - Décès

Claudie Kulak nous a quittés

C'est avec beaucoup de tristesse que nous apprenons le décès de Claudie Kulak, survenu le 6 novembre 2024.
07/11/2024  - Santé

Vers la création de l'Institut des vulnérabilités

L'Institut pour la prévention des vulnérabilités liées à la santé organise un colloque de lancement le 20 novembre d'un projet qui allie observation, recherche, formation, et accompagnement clinique.