Il faut être naïf pour assimiler le monde politique à celui des " Bisounours "...Et Michèle Delaunay le sait bien, elle qui a aussi mené certains combats politiques avec pugnacité et dureté. Pour autant il est facile d'imaginer que la forme et le fond n'échappent pas à la sensibilité de ces " gladiateurs ".
Un départ, des questions... et une loi orpheline ?
Une nouvelle secrétaire d'état à la famille et aux personnes âgées vient d'être nommée et Michèle Delaunay a repris le chemin des bords de la Garonne en distillant quelques traits d'amertumes.
Une page se tourne plus qu'elle ne se continue. Et il y aura sans doute un " avant " et un " après ". Car au delà de ce départ des questions se posent bien évidemment et peuvent donner lieu à des inquiétudes au sein de la profession.
Evitons cependant les à priori. Une fois de plus l'ensemble des acteurs se retrouvent au " milieu du gué " d'une grande loi sur l'adaptation de la société au vieillissement de la population, ou d'une loi sur la dépendance des personnes âgées.
Arriverons-nous à franchir ce fleuve dont nous maîtrisons et visitons les rives depuis tant d'années ? Que retenir de ces deux années du mandat ministériel de Michèle Delaunay?
Un bilan, si tôt, serait présomptueux. Et prématuré. L'histoire a besoin de temps et de recul. Essayons " à chaud " cependant d'identifier des faits majeurs. Il y eut incontestablement la volonté de " positiver " l'image du grand âge et de le sortir de cette stigmatisation redoutable qui exclut. L'emploi du terme " Agés " en est un exemple qui peut apparaître anecdotique, mais pourtant important. La sémantique joue toujours un rôle important. La création et l'encouragement de la " Silver économie " en est un autre. Même s'il convient de rester prudent sur ce point. Les phénomènes de mode sont souvent opportunistes et peuvent disparaître aussi vite qu'ils sont apparus.
Dans les années 1990/2000, il était " non politiquement correct " d'évoquer les potentialités économiques (emploi et développement) liées au grand âge. Tant mieux si aujourd'hui ce concept permet de braquer les spots, positivement, sur ce secteur. Enfin et surtout l'approche transversale et globale du grand âge est sans doute le fait majeur et consensuel. La " dépendance " n'est plus considérée comme le point d'appui essentiel et exclusif. D'autant que, là aussi, la sémantique joue son rôle stigmatisant avec ce terme repoussoir.
Solidarité des aidants
C'est la première fois qu'un projet de loi prend en compte les " aidants " en les valorisant autrement que par de la compassion. Et en considérant le parcours de la personne âgée comme une priorité, avec comme socle le domicile et l'environnement urbain. La vie tout simplement. Et leur choix.
Pour autant et nous le savons, une loi est bien souvent attachée à une personne. Celle ou celui qui l'a pensé, porté, et défendu avec pugnacité face aux élus et au peuple. Il n'est pas question simplement d'égo, mais de conviction. C'est bien là l'inquiétude.
" Les politiques sont peu réceptifs à la transition démographique " disait récemment Michèle Delaunay. Nous disions récemment qu'ils réagissent le plus souvent " au son du canon "... C'est dire s'il faut de la motivation et de la conviction pour aboutir. Mobiliser le grand public sur un sujet aussi complexe et non médiatique n'est pas simple. C'est la raison de ces tergiversations, décalages, reports......Les " Agés " sont patients...jusqu'à un certain point...