Didier Armaingaud, directeur éthique, médical, qualité et réglementation du groupe Korian, définit pour nous l'intérêt de disposer d'un Livret du Médicament destiné au bon usage des médicaments en EHPAD.
Un livret destiné au bon usage du médicament en EHPAD
A quoi sert le livret du médicament que vous avez publié en 2013 ?
Le Livret du médicament est destiné à aider les soignants de Korian mais aussi les professionnels de santé désireux d'améliorer la prise en charge de leurs patients âgés. Ce guide pratique unique permet de prendre en compte le risque iatrogénique chez les sujets âgés. Le contenu a été conçu et validé à l'aide de la littérature, par notre commission du médicament et par des équipes universitaires référentes. Les équipes des établissements l'ont remis aux médecins traitants comme un outil d'aide à la prescription. Nous sommes passés de 56,7% à 61,1% de médicaments entre 2011 et 2013. Il existe encore des marges de progrès.
Le médecin traitant reste responsable de sa prescription c'est pourquoi nous avons voulu que ce livret leur apporte des connaissances complémentaires et les sensibilise pour le bon usage du médicament chez la personne âgée.
L'outil n'est-il pas difficilement utilisable en EHPAD ?
Nous sommes en train de faire évoluer le livret thérapeutique. La version que l'on souhaite proposer en 2015 comportera plus d'informations sur la possibilité ou non d'écraser les médicaments, les prises en charge thérapeutiques. L'objectif est double : vers les médecins qui prescrivent et vers les infirmières qui administrent le médicament.
Nous avons la chance de disposer d'une première base de données avec une étude réalisée par l'Institut du Bien Vieillir sur l'impact des médicaments sur le goût, information que l'on va aussi intégrer dans le livret. Les 10 molécules les plus souvent utilisées sont souvent écrasées et ont un impact sur la prise alimentaire. Ce qui explique qu'après la prise de certains médicaments les personnes n'ont plus beaucoup d'appétit...
Le rapport Verger parle des erreurs de distribution, des abus ou des insuffisances de traitement ? Comment corriger cela ?
Le livret est un outil parmi d'autres outils. Un travail est nécessaire sur les thérapies non médicamenteuses, les ateliers, les pratiques qui doivent limiter l'usage de psychotropes qui sont distribués pour limiter certains troubles du comportement. Des alternatives existent et il y a une vraie évolution dans notre secteur d'activité pour faire prendre conscience à tous les soignants que le médicament n'est pas la réponse à toute situation. Cela nécessite d'évaluer les situations de façon à identifier les besoins et mettre en place des stratégies de prise en charge associant médicaments et approches non médicamenteuses. Ces dernières peuvent être utilisées comme des thérapies de fond et aussi disposer de solutions lors des phases aigües, par exemple " des ateliers flash ", outils simples à utiliser pour sortir les personnes de ces épisodes d'agitation.
Tout changement de pratique nécessite du temps, d'avoir une autre posture et de sortir de la position technicienne du soin.