Une équipe franco-suisse a développé une neuroprothèse qui a permis à un premier patient atteint de la maladie de Parkinson de marcher avec fluidité, confiance et sans chute.
Un patient Parkinsonien remarche normalement grâce à une neuroprothèse
Des essais cliniques avec six nouveaux patients vont démarrer l'année prochaine, l'enjeu étant ensuite de passer à la grande échelle et à la commercialisation.
A un stade avancé de la maladie de Parkinson, des troubles de la marche invalidants surviennent chez environ 90 % des patients. Ces troubles résistent souvent aux traitements actuellement disponibles et des équipes du monde entier travaillent sur d'autres stratégies.
C'est le cas d'Erwan Bézard, neuroscientifique à l'Inserm et de son équipe à l'Institut des maladies neurodégénératives (CNRS/Université de Bordeaux) qui collaborent depuis plusieurs années avec une équipe suisse dirigée les Pr Grégoire Courtine, neuroscientifique, et Jocelyne Bloch, neurochirurgienne.
Objectif ? Mettre au point une interface cerveau-moelle épinière dite « neuroprothèse ».
L'équipe franco-suisse a obtenu des premiers résultats prometteurs (publiés en 2016) mais dans un domaine différent : la restauration du fonctionnement d'un membre paralysé suite à une lésion de la moelle épinière.
Il leur a fallu ensuite plusieurs années de recherche pour mettre au point une neuroprothèse comparable mais cette fois pour pallier les chutes dans la maladie de Parkinson et le phénomène de freezing parfois associé - quand les pieds restent collés au sol pendant la marche.
Un premier patient originaire de Bordeaux, Marc, âgé de 62 ans et vivant avec la maladie depuis trois décennies, a ainsi été opéré il y a deux ans au Centre hospitalier universitaire vaudois à Lausanne et équipé de cette nouvelle neuroprothèse, constituée d'un champ d'électrodes placé contre la région de sa moelle épinière qui contrôle la marche et d'un générateur d'impulsions électriques implanté sous la peau de son abdomen
Grâce à la programmation ciblée des stimulations de la moelle épinière qui s'adaptent en temps réel à ses mouvements, Marc a rapidement vu ses troubles de la marche s'estomper. Après une rééducation de quelques semaines, il a retrouvé une marche presque normale.
Cette neuroprothèse ouvre donc d'immenses perspectives mais, à ce stade, n'a démontré son efficacité que chez une seule personne. Et l'implant doit encore être optimisé pour un déploiement à grande échelle (version commerciale), ce à quoi les scientifiques travaillent avec l'entreprise Onward Medical.
Des essais cliniques sur six nouveaux patients doivent également démarrer dès l'année prochaine grâce à un don d'un million de dollars de la Fondation créée par par l'acteur Michael J. Fox (Back to the future), lui-même atteint de la maladie de Parkinson.