Chaque semaine depuis deux ans, une intervenante formée propose une séance de médiation animale aux résidents de l'Ehpad. Une initiative qui a prouvé son efficacité.
Un projet de médiation animale en Ehpad porté par la conférence des financeurs d'Ardèche
Terme générique, la médiation animale réunit diverses interventions destinées à l'homme et réalisées avec l'aide d'animaux (chiens, chats, lapins, cochons d'Inde, oiseaux, lamas, équidés). C'est une thérapie qui permet de maintenir ou d'améliorer l'état de bien-être, ou simplement la qualité de vie, de personnes valides ou non mais en situation de fragilité, et pouvant souffrir de divers troubles physiques, psychologiques ou sociaux. Elle complète les thérapies et traitements médicaux traditionnels. Les animaux médiateurs spécifiquement sélectionnés pour ces interventions sont introduits par un intervenant qualifié auprès des bénéficiaires. Cette méthode originale et stimulante est basée sur les liens naturels qui existent entre l'homme et l'animal.
La médiation animale, une évidence
« C'est dans le cadre d'une reprise d'étude en 2014 que la médiation animale est devenue une évidence pour moi, explique Béatrice Monvoisin, intervenante en médiation animale au sein de la Résidence Le Grand Pré à Alboussière (Ardèche) depuis deux ans. Je suivais alors un BTS Services et prestations des secteurs sanitaire et social (SP3S). Lors d'un stage dans un Ehpad en région parisienne, j'ai proposé à l'ensemble des personnels soignant, administratif et technique d'intégrer un animal permanent dans l'établissement. Cet Ehpad mettait aussi en place une formation Montessori, une pédagogie adaptée aux personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de démences apparentées. Ce fut un véritable succès et un déclic pour moi qui avais dirigé un élevage canin amateur pendant huit ans. » Béatrice suit alors une formation en alternance à l'Institut français de zoothérapie en Isère et prépare le diplôme universitaire de relation d'aide par la médiation animale à la Faculté de médecine de Clermont-Ferrand. En 2016, elle crée l'association Sixième Sens et propose depuis ses prestations de médiation animale à différents publics (personnes âgées, handicapées et bientôt en milieu carcéral).
Olympe, Tendresse et Petit Béguin
Chaque vendredi après-midi, elle intervient à la Résidence Le Grand Pré pendant une heure et demie, accompagnée de ses collaborateurs et animaux médiateurs, Olympe (Cavalier King Charles), Tendresse et Petit Béguin (Clumber Spaniel en cours de formation), plusieurs cochons d'Inde de différentes races, des lapins nains ou géants et parfois des chinchillas. Quatre résidents les rejoignent autour d'une table centrale dans une salle spécifiquement dédiée aux activités internes ou externes. « Outre le brossage et le contact avec l'animal (caresses, câlins, regards...), je propose toujours des activités de sens, en lien avec la pédagogie Montessori, qui suivent des objectifs précis (travail de la motricité fine en préparant des brochettes de légumes qui seront appréciées ensuite par les rongeurs, exercice de mémoire en rappelant plusieurs fois les noms des animaux présents...). » En dernière partie de séance, des activités ludiques, en lien avec l'association, sont également proposées aux résidents (puzzles de pièces géantes, memory, livres, cartes à l'effigie des animaux de l'association Sixième Sens). Béatrice intervient également dans les chambres de résidents qui ne peuvent pas se déplacer.
Un travail de continuité
« Je prends toujours de nombreuses photographies (toujours avec autorisation) que j'offre aux résidents lors des séances suivantes, complète Béatrice. Cela procure souvent de jolis rires ou sourires. C'est une belle récompense pour une intervenante en médiation animale. Sans oublier que le rire peut aussi être considéré comme une thérapie non médicamenteuse. »
Deux aides-soignantes diplômées « assistants de soins en gérontologie » participent au projet de médiation animale qui est financé depuis deux ans par la conférence des financeurs d'Ardèche au titre de la prévention. Ce financement est une belle reconnaissance du travail de l'établissement et des professionnels qui se mettent au service des résidents.
Pour le directeur Sylvain Guillaume, ce projet de médiation animale réalisé avec l'association Sixième Sens s'inscrit dans une politique d'établissement plus large de prise en charge non médicamenteuse : APA, escrime, boxe, musicothérapie, démarche Snoezelen, luminothérapie, Tovertafel, ateliers de réalité virtuelle notamment. Tous les projets sont régulièrement analysés et participent chacun à améliorer le bien-être au travail en même temps que l'accompagnement des résidents.