Une approche humaniste et économique à la fois
En cette veille de congrès, quel est le message de la FNADEPA ?
La FNADEPA a l'ambition d'apporter une vision différente du secteur gérontologique et de la personne âgée. Les modes d'accompagnement sont à interroger. Ils doivent s'inspirer d'une approche humaniste et de modèles économiques pointus. La situation économique est tendue, c'est la seule solution pour garder des équipes suffisantes avec une rémunération correcte. Tout ne se joue pas entre établissements et services à domicile. En expert qu'ils sont, les directeurs doivent être une force de proposition pour ouvrir des espaces nouveaux dans le respect des moyens financiers des personnes âgées et de leur dignité. Cela passe par l'organisation d'un logement adapté, qui facilite l'intervention des professionnels du domicile, dans un continuum où l'EHPAD garde sa place, spécialement pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou en grande perte d'autonomie.
Il faut observer ce qui a fait ses preuves. Et mieux s'emparer du contexte économique pour moins le subir ! La FNADEPA accompagne ses adhérents dans des formes de regroupement, par exemple entre EHPAD, accueil de jour et SAD-SSIAD. Pourquoi ne pas aussi partager des ressources autour de populations qui ont des besoins d'accompagnement : handicap, petite enfance,... ? Il faut que les acteurs acceptent de travailler de façon transversale. Le vrai sujet n'est pas seulement le critère de l'âge mais le lien social, le vivre ensemble dans les quartiers, les communes. Vouloir faire vivre les personnes âgées dans la cité interroge la politique des villes, l'aménagement du territoire, les associations, le logement. De leur côté les EHPAD doivent réfléchir à l'accompagnement des personnes âgées désorientées : formation, projet d'établissement, architecture. Il faut plus de personnel, mieux formé et plus nombreux la nuit.
Comment financer ?
Il faudra solvabiliser les SAD et les SSIAD pour leur permettre d'effectuer leur mission sereinement et efficacement. La perte d'autonomie importante observée en établissement doit être contrebalancée par un service hôtelier de qualité adapté et une vie sociale favorisée. Le libre des choix des personnes doit pouvoir s'exercer et le reste à charge doit être acceptable. Il faut donc des moyens nouveaux et à la hauteur des attentes mais on ne peut pas tout attendre des usagers et des pouvoirs publics. Nous réfléchissons à atteindre des coûts mesurés, afin de ne pas stigmatiser la personne âgée au motif qu'elle couterait chère à la société et/ou à ses proches.
Quel regard portez-vous sur le débat sur la dépendance ?
Débattre a toujours un intérêt mais tout semble déjà joué et on va revenir au rapport de Devis Vasselle : recours sur succession, partenariat public-privé, reste à charge,... Je regrette qu'un débat de société soit piloté par des conflits de pouvoir entre l'ADF (Association des Départements de France) et le gouvernement. A la FNADEPA, c'est de la place de la personne âgée dans la société dont il est question. L'heure de vérité sera le projet de loi... on va mesurer la capacité des politiques à porter cette idée. Pour le moment, nous sommes en pleine incohérence. Nicolas Sarkozy a positionné la dépendance comme un grand chantier mais les budgets pour 2011/2012 sont outrageusement en contradiction avec ces belles intentions !