Deux ans de crise Covid ont largement impacté le fonctionnement des établissements. Si les difficultés sont identifiées, elles ne semblent pas avoir nui à la capacité d'initiative des sièges comme des établissements. Explications.
Une crise aux conséquences multiples
Interrogés sur les conséquences de la crise, les groupes ont signalé trois types de difficultés majeures : les tensions de recrutement liées au manque d'attractivité des métiers ; l'épuisement des professionnels, la quête de sens et la nécessaire réflexion éthique générée par les conditions d'exercice dans cette situation pandémique ; enfin, les pertes de recettes liées à une lente reprise de la commercialisation (dans des proportions variables toutefois en fonction des groupes).
Des initiatives sur tous les fronts
Malgré cela, les établissements privés non commerciaux font preuve d'un esprit de solidarité, de questionnement et d'initiative qui leur permet de maintenir leurs positions.
Le groupe Vyv3 notamment, a continué de développer ses activités de recherche et de services. Citons pour exemple la création d'un programme inédit pour les patients parkinsoniens au SSR d'Évian, la mise en place de dispositifs médicaux connectés et de téléconsultations non programmées dans un espace dédié au sein de trois Ehpad bourguignons, ou le développement de « Robotonomie » pour aider les résidents des Ehpad avec des robots dotés d'intelligence artificielle. L'Acppa a, de son côté, multiplié les partenariats pour favoriser l'insertion professionnelle, lutter contre le gaspillage alimentaire ou initier les résidents à une nouvelle activité physique et cérébrale grâce à l'installation d'un vélo connecté, dans un Ehpad de Seine-et-Marne (77).
Les outils numériques à l'honneur
Plusieurs groupes (Univi, Groupe SOS, Temps de vie, Acppa) signalent le déploiement d'outils ou de dispositifs numériques pour lutter contre l'isolement, accompagner les résidents, favoriser la communication avec les familles ou digitaliser l'offre de formation. La Croix-Rouge, par exemple, poursuit son « accompagnement à la transformation numérique à destination des personnes âgées ». Il se traduit par des outils de réalité virtuelle, des interventions non médicamenteuses comme la musicothérapie et des tables avec lien de visio-conférence et système de jeux interactifs...
Mais aussi des attentes fortes pour le prochain quinquennat
Concernant les mesures qu'ils jugent prioritaires, les groupes ne laissent que peu de place au doute quant à leurs besoins. Les diagnostics ont été faits depuis plusieurs années. Les groupes attendent maintenant des réformes structurelles, une loi Grand âge, financée, permettant de revaloriser et d'améliorer l'attractivité des métiers, mais aussi de changer le regard de la société. Plusieurs soulignent la nécessité d'instaurer un tarif global, de fusionner les sections soins et dépendance et de revoir la double gouvernance ARS/départements.
Itinova insiste sur la nécessité de fixer un taux d'encadrement à 0,8 ETP par résident, Temps de vie l'élève à 1 pour 1. Edenis demande « une augmentation des moyens humains ». L'association Monsieur Vincent note également un besoin de financement de 50 % des frais de siège par les ARS. Enfin, si l'on va plus dans le détail, il apparaît que devant l'augmentation des déserts médicaux, certains voudraient voir reconnaître le métier d'infirmier en pratique avancée en gériatrie et développer des compétences internes (ergothérapeute, psychologue...) pour mieux répondre aux besoins. D'autres aspirent au déploiement de plus petites structures, à l'image des « hameaux de vie » ou alternatives qui privilégient les unités restreintes pour un accompagnement amélioré.
Finalement, encore une fois, les groupes ne veulent rien d'autre que du temps de qualité, des métiers valorisés, un accompagnement à la hauteur de l'enjeu qui attend la société de la longévité, de l'humain et du lien.