La Drees publie une comparaison inédite des caractéristiques des personnes de 60 ans ou plus selon leur lieu de vie, domicile ou Ehpad, qui documente la réflexion à mener sur le virage domiciliaire.
Une étude de la Drees interroge les limites du virage domiciliaire
Paru le 3 février, un dossier de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) établit une comparaison inédite des caractéristiques des personnes de 60 ans ou plus selon leur lieu de vie, à domicile ou en établissement, à partir des enquêtes Care-Ménages et Care-Institutions qui, pour la première fois, les ont interrogées de manière comparable.
À l'heure où le virage domiciliaire constitue une orientation majeure des politiques publiques du grand âge, cette étude signée Delphine Roy donne un éclairage étayé aux questions, pas inédites elles, posées par la volonté de désinstitutionnaliser.
Elle met en évidence des caractéristiques sociodémographiques très différentes entre domicile et Ehpad avant 80 ans (avec une population socialement défavorisée en établissement) mais qui convergent aux âges élevés.
Elle montre en particulier la dualité des publics accueillis en Ehpad -deux types de population sous un même toit avec, parmi les résidents de moins de 75 ans, des personnes handicapées vieillissantes, aux besoins d'aide assez importants, ou des personnes présentant des troubles psychiques. Cette dualité est déjà connue, mais cette étude est la première à la documenter dans toutes ses dimensions : limitations fonctionnelles, caractéristiques démographiques, diplômes, revenus, existence d'une protection juridique... Avec des résultats qui posent une question centrale : quelles seraient les conditions de possibilités concrètes d'un maintien à domicile important, voire total, des publics actuels des Ehpad ?
Géroscopie y reviendra dans son numéro de mars.