Dans un monde toujours plus complexe et exigeant qui vulnérabilise les personnes, la notion de care recouvre une inquiétude pour le prochain, qui s'oppose à la société centrée seulement sur la technique, la performance, l'objectivité... pour reprendre l'opposition proposée par Havel dans ses Essais politiques.
Une inquiétude pour le prochain
Au lieu de chercher à traduire l'ensemble des attentes seulement sous formes d'objets techniques (vidéo-surveillance, capteurs multiples, voire dispensateurs de paroles familières...), on va mettre en avant la force du lien, le principe de bienveillance et l'implication de l'être humain. C'est le care. L'enjeu premier est économique et social : le care est fort d'un potentiel de création d'emplois répondant à différents niveaux de qualification. Une société de l'accompagnement passe par un effort de formation, de soutien des professionnels, de valorisation des carrières et des salaires...
La société de l'accompagnement bienveillant porte en soi les germes d'une autre hiérarchie des valeurs et des représentations des métiers et des activités. Cette approche implique la valorisation de la place des femmes dans la décision et dans la représentation sociale de la société. Le care ne verse pas dans un essentialisme faisant des femmes, par "nature", les êtres plus sensibles à la condition humaine et donc plus capables d'accompagner les plus fragiles, mais valorise cette attention aux autres et constate qu'elle est majoritairement portée par les femmes et fort peu valorisé. L'enjeu est que les hommes puissent pratiquer cette attention bienveillante et s'en trouvent valorisés. Inventer une relation que l'on peut qualifier de maternelle sans l'assigner au genre féminin.
Société vieillissante
Le devenir de la société passe par une transformation des conditions de production et par une évolution des mentalités et des attitudes pour qu'elles soient plus attentive à l'autre comme à la planète. Cette empathie s'appuie sur la conscience de sa propre vulnérabilité potentielle. Elle doit être comprise comme étant un état non nécessairement statique et uniforme. De la même façon que l'individu porte des identités multiples, il peut aussi être fragilisé sur un point tout en étant parfaitement en capacité d'autonomie et d'aide sur d'autres plans
Valoriser le mode associatif
La collectivité, qui ne peut plus socialement et économiquement répondre à l'ensemble des besoins des personnes, se doit de privilégier une démarche d'accompagnement des plus fragiles et de soutien à l'innovation sociale. A elle de favoriser le mode associatif, de prendre en compte les démarches d'auto-organisation et donner les moyens de cet accompagnement, aux professionnels comme aux bénévoles.
Le care change la perspective : l'amélioration de la situation des personnes devient le critère essentiel de toute action. Ce que nous décidons est-ce bon pour la personne ?