Médecins et professionnels de santé se sont réunis, le jeudi 18 avril, pour la deuxième journée scientifique organisée par Clariane et l'Université Paris Cité Necker. L'occasion de découvrir les dernières innovations en matière de gériatrie ou de soins palliatifs.
Une journée scientifique pour explorer « la fragilité dans tous ses états »
Construit par des experts, le programme de cette singulière journée consacrée à la « fragilité dans tous ses états » est dense, offrant des espaces d'échanges et de rencontres autour des dernières avancées en gériatrie, psychiatrie ou soins palliatifs.
Dans la continuité des annonces gouvernementales, l'accent a été mis sur la prévention et l'accompagnement du grand âge. « Nous souhaitons repérer la fragilité pour lever l'isolement social », affirme dès l'ouverture le Dr. Fariba KABIRIAN, directrice médicale Clariane France.
Les professeurs d'université et les médecins, Joël BELMIN, Antoine PIAU ou encore Gabriel ABITBOL, se sont succédé pour présenter leurs travaux de recherche, leurs bonnes pratiques et leurs retours d'expériences. L'occasion d'aborder les dernières avancées scientifiques concernant le dépistage de la fragilité, son lien avec la dénutrition, ainsi que les nouvelles technologies au service du bien-être comme « CART France », en vue d'améliorer la prise en charge des soins et la qualité de vie des patients et des résidents au sein des Ehpad touchés par la fragilité.
Le dépistage de la fragilité du sujet âgé
Animée par le Dr. Joel BELMIN, chef du pôle de gériatrie à l'hôpital Charles-Foix, cette conférence était l'opportunité d'explorer les évolutions significatives de la gériatrie, depuis ses origines autour des hospices jusqu'aux pratiques modernes de soins de réhabilitation, de gériatrie aiguë, de soins ambulatoires et de gériatrie préventive. Cette évolution reflète l'approche de plus en plus proactive visant à anticiper et à traiter les besoins des personnes âgées de manière précoce et individualisée.
Afin d'identifier les individus les plus à risque de devenir dépendants, des évaluations gérontologiques ciblées pour identifier leurs points de faiblesse spécifiques sont développées. Le Test de Fried repose sur 5 critères de fragilité : la faiblesse, l'amaigrissement, la fatigabilité, la lenteur et la sédentarité. Il se base sur des mesures et des questionnaires réalisés lors de consultations spécialisées. Sur le même principe, le programme ICOPE, développé par l'OMS, s'appuie sur une évaluation des six fonctions essentielles (locomotion, état nutritionnel, santé mentale, cognition, audition et vision) réalisée en auto-évaluation ou par un professionnel. Ces évaluations permettent ensuite de concevoir des actions de prévention individualisées pour réduire le risque de fragilité et de dépendance.
La fragilité, qui progresse au fil du temps, peut conduire à une série de problèmes de santé, notamment des chutes, une dénutrition, des troubles cognitifs. Une grippe chez une personne fragile peut se révéler être une maladie grave, voire une cause de décès. Ces conditions peuvent entraîner une dépendance accrue et un besoin d'aide humaine pour les activités de la vie quotidienne.
Les soins de support nutritionnels en cancérologie
40 à 80 % des malades de cancers digestifs développent un état de dénutrition pouvant aller jusqu'à la cachexie, entraînant une perte de poids et de masse musculaire avec des conséquences parfois irréversibles, dans les cas sévères. Le lien étroit entre fragilité et dénutrition a été souligné par Agathe RAYNAUD-SIMON, gériatre et cheffe de service à l'hôpital Bichat, notamment en raison de la perte de masse musculaire et de force, entraînant une baisse des fonctions musculaires et immunitaires.
Selon une étude de 2014, environ 57 % des patients cancéreux bénéficient d'un support nutritionnel visant à maintenir ou à améliorer leur état nutritionnel, à prévenir les complications et à faciliter les protocoles de traitement. Ces conseils nutritionnels individualisés et ces recommandations diététiques contribuent à améliorer le taux de survie et à maintenir les apports nutritionnels essentiels.
Les soins palliatifs : parlons-en avec Gabriel ABITBOL
Les soins palliatifs reposent sur une approche active et globale destinée à soulager les douleurs physiques, les symptômes, l'inconfort, la souffrance psychologique, sociale et spirituelle, tant pour le patient que pour ses proches. Ces soins interviennent lorsque le patient est atteint d'une maladie grave et terminale.
Une des principales missions des soins palliatifs est de garantir une meilleure qualité de vie jusqu'au décès, tout en assurant un soutien adapté à la famille pour faire face au deuil. Il est essentiel de souligner que les soins palliatifs ne visent pas à provoquer intentionnellement la mort, mais à accompagner le patient dans ce processus naturel.
Gabriel Abitbol, gériatre et chef de service à l'hôpital Broca, a abordé la question délicate de la limitation ou de l'arrêt des traitements (LAT), en insistant sur la nécessité d'une procédure collégiale et du respect de la volonté du patient, notamment à travers les directives anticipées.
La question de l'aide à mourir a également été soulevée, mettant en avant les critères stricts à respecter, tels que le pronostic vital engagé ou maladie incurable, la capacité de discernement du patient, être réfractaire aux traitements, et être majeur, français ou résident stable.
La E-santé au service du patient fragile
Antoine PIAU, gériatre, et directeur médical, éthique et innovation en santé, chez Clariane, met en avant les apports des technologies de l'information et de la communication sur la santé et le bien-être avec le dispositif « CART France ».
Ce projet, porté par le CHU de Toulouse et l'Institut Saint-Jacques de Toulouse, est un outil pour l'innovation dans le secteur du dispositif médical et de la santé connectée qui vise à découvrir les biomarqueurs capables de détecter des changements subtils de santé avant un accident. Mis en place dans la région Occitanie, cette initiative concerne les maisons de patients vivant seuls et jugés à risque.
À l'aide des données recueillies par les capteurs numériques, traitées et analysées par des médecins, il est par exemple possible de prédire une chute 15 jours avant sa survenue. Le rythme de marche est en effet analysé par les capteurs au sol. Un rythme plus faible de marche est synonyme de chute dans les jours à venir.
À l'heure actuelle, seulement 12 maisons sont dotées de ce système connecté, 56 autres patients attendent de voir leurs maisons dotées du même système.