Initiée par l'association Les Audacieux et Les Audacieuses en partenariat avec Croix Rouge Habitat et la ville de Lyon, la première maison de la diversité pour le bien vieillir des seniors LGBTI+ va prochainement voir le jour.

Une maison de retraite LGBTI+ ouvrira à Lyon à l'été 2025
C'est une première en France. Une maison de retraite destinée aux seniors LGBTI+ est en cours de construction dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon et ouvrira ses portes l'été prochain. Une idée initiée par l'association Les Audacieuses et Les Audacieux, créée il y a sept ans par Stéphane Sauvé, ancien directeur d'Ehpad, suite au constat alarmant d'un rapport du ministère délégué aux Personnes âgées et à l'Autonomie. Parmi le million de seniors LGBTI+ en France, 90 % n'ont pas d'enfant et 65 % vivent seuls. Si les droits et les mentalités ont évolué, la majorité d'entre eux a vécu des actes homophobes, la pénalisation de l'homosexualité, des discriminations, et des ruptures des liens familiaux. Ils appartiennent également à la génération du sida, ayant souffert de la maladie et de la perte de proches. Ces expériences ont conduit à un taux de suicide 2 à 7 fois plus élevé que celui des seniors hétérosexuels, selon le rapport. C'est sur ce constat que Les Audacieux et Les Audacieuses ont été créés, avec pour premier objectif de : « briser l'isolement social, facteur aggravant de la perte d'autonomie, et créer les conditions propices au bien vieillir, en leur permettant d'assumer pleinement leur orientation sexuelle sans peur du jugement », explique Christophe Dercamp, le coordinateur général de l'association.
Un habitat inclusif, participatif
La future maison de la Diversité comptera seize logements, dont un, ouvert aux jeunes. Plusieurs espaces communs sont prévus, dont une chambre d'amis, réservée à la famille, aux amis ou aux seniors du quartier en convalescence. Habitat inclusif et participatif, labellisé « aide à la vie partagée », un responsable de maison sera chargé de l'animation et de développer des activités en lien avec le quartier. L'association a d'ores et déjà entamé le recrutement des cohabitants, en prévoyant des réunions pour qu'ils puissent définir ensemble les usages du lieu et décider collectivement. « Ils participent aux différents groupes de travail qui concernent l'aménagement du jardin, la répartition des charges, le programme architectural, les activités à proposer afin d'établir des règles de vie commune et s'approprier leur chez-soi », mentionne Christophe Dercamp. Risque d'une forme de ghettoïsation ou de communautarisme ? Le coordonnateur du projet assure que non. « Cette initiative relève d'une approche de l'entre-soi ouvert sur les autres et sur le quartier. Avoir un parcours similaire, des douleurs et des valeurs communes permet de créer un cercle bienveillant sans pour autant exclure qui que ce soit. » L'association prévoit déjà de décliner ce modèle dans d'autres villes en France, avec une deuxième maison de la diversité à Strasbourg et d'autres à l'étude dans la région parisienne. Une maison similaire existe à Berlin, mentionne Christophe Dercamp, qui connaît un succès sans précédent : alors même qu'une deuxième structure vient d'ouvrir, des candidats sont encore sur liste d'attente.
Pour plus d'informations : audacieusement.org/le-projet-maison-de-la-diversite/