Comment valoriser son patrimoine immobilier, quelle stratégie mettre en place, comment travailler avec les acteurs communaux et libérer du foncier pour construire des logements sociaux, tels étaient les thèmes du premier colloque sur l'immobilier en santé organisé par l'ANAP.
Valoriser le patrimoine immobilier en santé
Introduite par Philippe Ritter, président du CA de l'ANAP, et par Yannick Le Guen, sous-directeur de la DGOS, la journée s'est placée sous le signe de la réforme territoriale qui pourrait changer la stratégie mise en place. L'ANAP a mis à disposition un certain nombre d'outils logiciels comme l'outil de pilotage OPHELIE qu'ont utilisé 250 centres hospitaliers. Le groupe d'experts mis en place par l'ANAP est intervenu sur 18 sites qui les ont accompagnés dans la dynamisation de leurs actifs immobiliers. Cette intervention leur a fait gagner en moyenne 30% de valorisation de leurs actifs !
Le principal travail est de commencer à faire l'inventaire des actifs immobiliers puisque la plupart des acteurs n'ont pas une vue très claire de ce qui leur appartient ou appartient à la commune, ou encore est donné sous condition (legs, etc).
Catherine Hermand, architecte, et expert à la FHF, a retracé l'évolution architecturale des hôpitaux depuis deux siècles et à mis en exergue l'intrication entre l'immobilier et le patrimoine intellectuel (et la conception de la médecine de chaque époque). "Depuis 25 ans nous avons supprimé le tiers des capacités. Une centaine d'établissements hospitaliers ont été transformés et sont devenus des établissements médico-sociaux. Ce qui n'est pas bon pour le sanitaire n'est pas obligatoirement bon pour les EHPAD...". De fait la conception des EHPAD évolue également très rapidement, s'ouvrant à une plus grande intégration à la ville.
Quelle reconversion pour l'immobilier en santé ?
René Caillet, adjoint au délégué général de la FHF s'interroge également notamment sur le devenir des USLD : "La durée d'accompagnement dans les USLD est en moyenne de 28 mois, donc la reconversion de certains services en USLD pose question sur l'accompagnement dans une période post opératoire. D'ailleurs, tout le monde réfléchit à la question du recours aux urgences. Ce qui veut dire que ce qui est un besoin aujourd'hui ne le sera plus demain. D'où le rôle majeur de l'ARS dans la répartition de l'offre sur le territoire". Le temps de l'immobilier ne coïncide pas avec l'évolution des besoins, ce qui suppose de mettre en place une stratégie active de gestion.
C'est le cas des HCL de Lyon dont le patrimoine immobilier était considérable et particulièrement bien situé en plein centre de la ville. Le travail mené et la mise en place d'un schéma directeur immobilier, d'un inventaire patrimonial exhaustif et d'une démarche d'estimation des valeurs de marché a permis d'élaborer des schémas d'arbitrage en retenant un certain nombre de critères.
Au total 160M€ de cessions immobilières ont été réalisées permettant de financer la création de nouveaux sites. Par ailleurs la valorisation des espaces hospitaliers disponibles ont amélioré le service à la patientèle (accompagnants comme personnels médicaux), ont valorisé l'image de l'hôpital et augmenté les revenus (conciergerie, boutiques, caféterias).
Enfin M. Maurice Solignac, maire de Saint Germain en Laye a souligné les contradictions entre les différents acteurs : en celui qui cède l'immobilier et les différents ministères (finances et logement), entre le prix espéré du cédant et le prix dérisoire concédé par les élus locaux, entre les prix de marché et les prix décodés accordés aux bailleurs sociaux... sur fond de politique du logement défaillante et la nécessité de construire des logements sociaux en pleine période de crise.