La loi d'adaptation de la société au vieillissement de la population, de décembre 2015, impose aux EHPAD un socle de prestations qu'ils doivent offrir a minima à leurs résidents.
Vêtements propres ou eau de Cologne ? Les bénéficiaires de l'aide sociale devront choisir !
Seules les prestations du socle sont prises en charge par l'aide sociale à l'hébergement, les structures ayant toute liberté pour proposer des services complémentaires, payants, à la condition que ceux-ci et leur coût soient clairement identifiés dans le contrat de séjour.
Les réunions de concertation qui se sont tenues préalablement à la publication de la loi, à la DGCS, ont été parfois houleuses du fait de la non prise en compte dans ce socle de l'entretien du linge des résidents.
Dans de nombreux EHPAD gérés par une association, un CCAS ou un hôpital, l'entretien du linge personnel des personnes accueillies était inclus dans le tarif hébergement. Il était assumé soit par une ou des lingères salariées, dans la buanderie de l'établissement, soit par un prestataire extérieur (un ESAT ou une société privée).
Aberration de la loi ASV : discrimination des bénéficiaires de l'aide sociale
Depuis la parution de la loi, les directeurs peuvent sortir cette prestation du tarif hébergement pour en faire une charge supplémentaire et si certains Conseils départementaux ont pris la décision d'assumer l'entretien du linge personnel pour les résidents bénéficiaires de l'aide sociale, d'autres au contraire ont écrit aux gestionnaires pour une application stricte de la législation.
Un résident bénéficiaire de l'aide sociale dispose de moins de 100 euros mensuels*, baptisés « argent de poche ». Avec cette modique somme, il paye ses produits d'hygiène, le coiffeur, ses journaux, ses vêtements, les sucreries dont il a envie, etc. Lorsqu'il aura déboursé entre 70 et 80 euros pour l'entretien de son linge, comment pourra-t-il s'offrir les quelques menus plaisirs du quotidien ? Difficile de choisir entre de l'eau de Cologne et une culotte propre. Un résident salit souvent du linge suite à une incontinence qui, même légère, demande de se changer tous les jours. Toutes les personnes âgées n'ont pas une famille prête à laver et repasser pour elles. Les enfants des personnes de 90 ans sont eux-mêmes âgés de 70 ans et qui pourrait leur reprocher d'avoir déjà des difficultés à s'occuper d'eux. Sans compter les familles éloignées, dans l'impossibilité de venir chaque semaine chercher le linge sale ou encore celles qui n'ont pas de bonnes relations et même celles qui, tout simplement, n'ont pas envie.
Un scandale non dénoncé
Ne pas prendre en compte l'entretien du linge personnel dans l'aide sociale est une aberration, voire un scandale que personne aujourd'hui ne dénonce. Certains gestionnaires voient même dans cette exclusion du tarif hébergement un souffle d'air, bienvenu pour soulager la contrainte budgétaire qui leur imposée.
A l'heure où la bientraitance gouverne les équipes, au service des personnes les plus vulnérables de la société et où la démarche qualité dirige les pratiques on peut s'étonner qu'elles soient absentes des politiques publiques. Souhaitons que, pour les budgets 2017, les présidents des Conseils départementaux permettent aux bénéficiaires de l'aide sociale des EHPAD de leur territoire de conserver leur dignité, en leur évitant de choisir entre des vêtements propres ou de l'eau de Cologne.