Avec qui ? Henriette, 86 ans, et Azizah, 20 ans Où ? Dans la maison d'Henriette, à Lescar (Pyrénées-Atlantiques)
Vivre avec quelqu'un, c'est mieux !
Azizah ne voulait pas vivre en résidence universitaire, trop bruyante pour une étudiante studieuse. Henriette, elle, avait envie de compagnie. Le fils d'Henriette et le programme " Entre deux âges " de l'association Presse-Purée* ont fait le reste. Ainsi depuis le mois de janvier, les deux femmes cohabitent dans la maison d'Henriette, à Lescar, près de Pau.
Le système est simple : contre un peu de présence, une participation aux charges de la maison et une cotisation annuelle à Presse-Purée (180 euros maximum, selon les ressources), Azizah bénéficie d'une chambre dans cette maison avec jardin. Pour celle dont c'est déjà la deuxième cohabitation, la solution est pleine de bon sens. " Dans la société, il y a deux groupes de personnes qui ont besoin d'aide, fait observer Azizah. Les personnes âgées isolées et les jeunes qui n'ont pas d'argent pour prendre un appartement. La cohabitation c'est idéal. " Un point de vue que partage son hôte. "Avant j'étais toute seule... vivre avec quelqu'un c'est mieux !, précise Henriette. Azizah est très gaie, très gentille. Si j'ai besoin, elle m'aidera. Elle est devenue comme une petite-fille pour moi. Mes petites-filles à moi sont loin... " Derrière les points de vue individuels se dessinent des enjeux sociétaux. " La cohabitation favorise le maintien à domicile des personnes âgées. Elle empêche aussi que le logement soit un frein aux études ou à l'accès au premier emploi des jeunes de Pau", souligne Laurence Wulput, responsable de " Entre deux âges " à Presse-Purée. Et elle renforce le lien intergénérationnel. " J'ai passé peu de temps avec ma grand-mère, confie l'étudiante en biologie. Je suis contente de cette expérience. "
Avec des objectifs aussi pertinents, le programme reçoit le soutien de partenaires institutionnels : Conseil Régional Aquitaine, Conseil Général Pyrénées-Atlantiques, Mairie de Pau et de mécènes privés (Fondation de France, Fondation Total, AG2R La Mondiale,...). Vingt-six binômes ont déjà été constitués, dont un avec une personne handicapée non-voyante.
Pour la formation des binômes, le sur-mesure s'impose. Ainsi, Henriette n'aurait pas accepté un jeune homme. Ainsi, certains colocataires s'engagent sur les soirées, d'autres sur des promenades. " Avec les cours de la fac, je suis souvent ici, enchaîne Azizah. Selon les jours, Henriette et moi prenons le petit déjeuner ensemble, un goûter dans l'après-midi. Parfois nous regardons la télévision. Si je ne suis pas là le soir ou le week-end, je préviens." Dans ces conditions, la maison de retraite, Henriette, qui bénéficie d'une aide-ménagère trois fois par semaine, n'y pense pas. " Et pourquoi ? Je suis très bien ici !, s'exclame-t-elle avec son accent chantant. Et de toute façon, mes enfants sont prêts à m'accueillir. "